Mansarde à Paris, mais dans le noir...
De retour chez nous, j'ai la tête encore pleine des images d'Avignon.
J'ai eu le coup de coeur pour un spectacle du festival off : Mansarde à Paris, les détours Cioran de Matéï Visniec, mis en scène par Radu Afrim. Si vous prévoyez d'aller au festival, allez le voir : c'est au théâtre du Balcon.
Cioran était représenté à la fin de sa vie, souffrant d'Alzheimer... mais c'était très drôle. L'acteur était un petit bonhomme grisonnant qui ressemblait à Stan Laurel vêtu d'une chemise de nuit à rayures bleues et blanches. Il était souvent ridicule, grotesque, clownesque, et puis d'un seul coup il sortait une formule surprenante de profondeur. A une infirmière qui l'infantilisait en lui demandant s'il se souvenait du chemin pour rentrer dans sa chambre, il répondait :
On oubliait alors le tragi-comique de la situation de Cioran pour songer vaguement au tragique de la vie tout court...
La séance était accessible aux aveugles. Ils avaient des casques avec des commentaires qui leur décrivait les mouvements et les costumes... mais la mise en scène jouait beaucoup avec les corps et le grotesque des situations... Je ne sais pas si ce qui est purement visuel peut être rendu par des mots. Je culpabilisais presque de rire, sachant que je riais à propos de quelque chose auquel les autres ne pouvaient avoir accès...
J'imagine les commentaires qu'il pouvait y avoir pendant le spectacle pour aider les mal voyants à comprendre ce qu'il se passait sur scène :
Avouez que ce n'est franchement pas très drôle, comme ça... Ou alors, c'est moi qui décris mal...
Cela dit, c'est une belle initiative, je trouve.